Un camp en Alsace

Un camp d'extermination
Le Struthof a été un camp de concentration parmi le millier qui existait sous le pouvoir hitlérien. Il a également servi comme camp expérimental d'extermination. Il est difficilement imaginable qu'à une cinquantaine de kilomètres de Strasbourg, près de Schirmeck, sur le site de la belle vallée de la Bruche, en plein massif vosgien, les meurtriers nazis ont sévi dans toute l'horreur de leur projet infâme.
Dans une Alsace annexée depuis juin 1940, Himmler décide le 3 mars 1941 de créer à proximité du camp d'internement de Schirmeck un "camp de travail" réservé aux "criminels notoires et asociaux". Prévu pour 2000 détenus, il en contint jusqu'à 8000 à l'automne 1944 !
La première raison invoquée pour le choix du Struthof fut l'existence à 1 km de cet endroit d'une carrière de granit d'où les forçats devaient extraire les pierres destinées aux besoins des Allemands. Par la suite les déportés furent affectés à des travaux de terrassement et d'aménagement de routes. Les malheureux étaient laminés jusqu'à l'épuisement total.
Arrivée à la gare de Rothau
Les prisonniers qui arrivaient en train jusqu'à la gare de Rothau devaient effectuer à pied les huit kilomètres qui les séparaient du Struthof, sous les coups et les hurlements d'une horde de SS. Il s'agissait d'abord de prisonniers de droit commun allemands puis de déportés de diverses nationalités (Polonais, Russes, Hollandais, Français, Allemands, Norvégiens...).
La vie dans le camp
La vie dans le camp, selon le témoignage des survivants, était rythmée par les réveils dans la nuit, les appels interminables, les travaux insurmontables, la faim qui tenaillait les corps affaiblis, la promiscuité de tous les instants, la vermine envahissante et les sévices incessants. L'effroi était quotidien à l'ombre des potences bien en vue en haut du camp. Ce traitement a anéanti plusieurs milliers d'êtres innocents.
La bastonnade, tout comme la pendaison, fait partie des sanctions dites réglementaires. Elle a lieu sous les yeux horrifiés de tous les détenus, qui sont contraints d'y assister. Le supplicié doit lui-même compter les coups administrés à l'aide d'un nerf de bœuf. S'il perd connaissance, il est réanimé à l'aide d'un seau d'eau, puis les coups reprennent. Les peines varient entre cinq et vingt-cinq coups, mais il n'était pas rare que des déportés subissent cinquante, voire cent coups. Ceux qui survivent à ce traitement inhumain gardent à vie de lourdes séquelles.
Les baraquements
Le camp comprenait 17 baraquements en bois étagés en 9 plateformes à flanc de coteaux communiquant par des escaliers. Il était entouré par un double réseau de barbelés et surveillé par 8 miradors. A l'extérieur, furent installées d'autres baraques et des ateliers tandis qu'une villa fut réquisitionnée pour le commandant.
Photos: Nicole LEFEBVRE