Le château du Haut-Koenigsbourg
Une des destinations les plus visitées d'Alsace, et même de France, est un château reconstruit par l'empereur Guillaume II : le château du Haut-Koenigsbourg en Alsace. Il est situé entre Strasbourg et Colmar, près de Sélestat, sur le sommet d'une montagne au-dessus du villlage d'Orschwihr, à 757 m d'altitude sur le versant est des Vosges. Visible de 20 km, le château du Haut-Koenigsbourg est l'une des forteresses les plus impressionnantes et fascinantes d'Europe. Ce château d'origine médiévale est un monument incontournable.
L'histoire du château en bref
Le château d'origine a été construit au 12ème siècle, rénové en 1480, puis brûlé pendant la guerre de Trente Ans. En 1899, la ville de Sélestat fit don du château à l'empereur allemand Guillaume II, qui le fit reconstruire en château de chevalier dans le style du XVe siècle. Du bastion ouest et des 800 m d'altitude, vous avez une vue imprenable sur la vallée du Rhin, la Forêt-Noire et par temps clair jusqu'aux Alpes. À l'intérieur, vous pourrez admirer la chapelle, la salle des chevaliers, un salon de chasse et des salles de séjour.
Castrum Estuphin
Le Hohkönigsburg a été mentionné pour la première fois dans des archives de 1147 comme "Castrum Estuphin". Il fut détruit à deux reprises en 1462 et 1633. Après le siège et les pillages commis par les Suédois pendant la Guerre de Trente ans, il resta en ruine pendant plus de 250 ans jusqu'à sa reconstruction par l'empereur Guillaume II au début du XXe siècle. Il fut la propriété de 3 dynasties allemandes - les Hohenstaufer, les Habsbourg et enfin les Hohenzollern.
Le château aujourd'hui
Détenu par l'Etat français depuis 1919, le château abrite aujourd'hui une collection unique de meubles et d'armes des 15ème, 16ème et 17ème siècles. La visite est comme un voyage dans le temps jusqu'à la fin du Moyen Âge. Les murs jusqu’à neuf mètres d’épaisseur avec leurs meurtrières, le donjon massif, d’une hauteur de 65 m, les salons et chambres à coucher élégamment restaurés, la cuisine médiévale bien équipée permettent aux visiteurs, jeunes ou vieux, de s'émerveiller, de frissonner et de deviner à quel point la vie était parfois cruelle au 15ème siècle : ce sont des leçons d'histoire à retenir, et une expérience inoubliable pour toute la famille.
Dans le complexe du château, vous pouvez voir les différentes étapes du travail de construction lié à la défense, le bastion occidental étant le principal poste de défense. Par la porte, vous entrez dans la grande cour de la partie extérieure du bâtiment où on trouve les dépendances, la tour du moulin et une auberge. Une rampe d'accès mène au donjon, le point culminant. Dans la cour d'honneur, il y a une aile résidentielle et au donjon, une tour d'escalier néo-gothique. Le château possède une chapelle et une salle des fêtes où l'empereur donnaient ses réceptions. La salle des armes et de chasse contient une collection d'armes et de meubles de la fin du Moyen Âge datant du XVe siècle.
Depuis les créneaux, vous surplombez la plaine du Rhin avec la Forêt-Noire et les Alpes d'un côté et les vignobles et villages des Vosges de l'autre.
L'histoire du Haut-Koenigsbourg de 774 à nos jours
En 774, Charlemagne concède le Staufenberg (appelé Stophanberch à l'époque), c’est-à-dire la montagne sur laquelle le "Hohkönigsburg" a été construit, et les terres avoisinantes au prieuré de Lièpvre (Leberau en allemand, à Sainte-Marie-aux-Mines, Haut-Rhin), qui appartenait à l'abbaye de Saint-Denis.
À la fin du XIe siècle, Friedrich von Staufen, élevé en 1079 au rang de duc de Souabe par l'empereur Henri IV, fit construire un certain nombre de châteaux pour la protection de ses biens en Alsace (autour de Sélestat, par exemple). Cependant, certains d'entre eux étaient situés sur des propriétés qui ne lui appartenaient pas, notamment le château construit sur le Staufenberg, dans la région du Prieuré de Lièpvre.
Tout d'abord appelé Staufenberg, le site comprend des fortifications qui permettent de surveiller la route d'Alsace du Nord au Sud ainsi que l'un des axes principaux d'Est en Ouest. La forteresse a été construite en tant que château roman avec deux rues paisibles au carrefour de deux routes commerciales. Le vin et les céréales étaient acheminés dans la vallée du Rhin, le sel et l’argent dans les Vosges.
Le château a été mentionné pour la première fois en 1147 quand Eudes de Deuil, moine bénédictin de Saint-Denis, demanda l'intervention du roi de France Louis VII auprès du roi d'Allemagne Konrad III pour lever cette injustice. À cette époque, le château possédait déjà deux tours depuis lesquelles la route nord-sud de l'Alsace pouvait être dominée, l'une appartenant à Konrad III, l'autre appartenant à son neveu Frédéric Barberousse, futur empereur d'Allemagne. Le nom Königsburg (château du roi) apparaît à partir de 1192.
La confusion supposée de ces deux tours avec respectivement une seule tour du Hohkönigsburg et de l'autre une tour du château voisin, l'Ödenburg, n'a pas été démontré. L'ensemble pourrait bien remonter à une importante fortification médiévale, mais qui, d'après les premiers croquis retrouvés, ne devraient dater que du 13ème siècle.
Au milieu du XIIIe siècle, à la fin du conflit entre les Staufer (Hohenstaufen) et le parti pontifical, l'évêque de Strasbourg conquiert l'essentiel de la propriété des Hohenstaufen en Alsace et à Ortenau. Le château royal apparaît dans la possession des amis de l'évêque, comme les comtes de Werd (Basse-Alsace) et aussi le ministre épiscopal Cuno de Mittelbergheim. Ce fut en 1250 le fief du duc de Lorraine, qui le donna plus tard au Rathsamhausen (cité en 1267 pour la première fois en tant que copropriétaire), puis au Hohenstein. Il était en possession de ces derniers jusqu'au 15ème siècle.
En 1462, une campagne organisée par les villes de Colmar, Strasbourg et Bâle s'empare du château, qui était devenu la base de chevaliers brigands, avec 500 hommes et des armes à feu et l'incendia.
Les restes du Hohkönigsburg ont été confiés en 1479 en tant que fief à la famille Thierstein, qui reconstruisent et renforcent leurs défenses grâce à l'avancée technologique des armes à feu. À cette fin, ils érigèrent un bastion à deux tourelles et un puissant mur de fortification à l'ouest. Leur maçonnerie de qualité est analogue à celle du château situé en contrebas, le château de Kintzheim des Rathsamhausen. La cour inférieure était protégée par deux tours à demi-coquilles en forme de fer-à- cheval avec des courtines et des murs minces. Le château lui-même était entouré d'un mur de défense extérieur.
Probablement à la même période la ruine voisine d'Ödenburg a été dynamitée (si elle n'avait pas déjà été détruite en 1462).
En 1517, le dernier Thierstein mourut lourdement endetté et sans héritiers, le château n'est plus entretenu et se délabre petit à petit. Le roi Maximilien Ier reprit le château. Bien que ni le roi, devenu empereur, ni les propriétaires suivants n'aient entrepris d'importants travaux d'entretien des installations, au 16ème siècle, un bastion maître fut construit malgré tout à l'est du complexe.
Pendant la guerre de 30 ans, les Suédois prirent possession le château en juillet 1633. Bien qu'il ne s'agissait que d'une fortification délabrée, ils ont eu besoin de 52 jours pour le gagner malgré l'utilisation de canons et mortiers. Peu de temps après, un incendie détruisit le château qui se détériora au cours de la période suivante.
En 1862, la ruine du château fut déclarée monument national par l'État français et acquise par la ville de Sélestat en 1865. Celle-ci sécurisa une partie de la ruine et prépara déjà des plans pour une restauration.
L'administration de la ville s'occupe de la sécurité structurelle d'une partie des ruines et envisage déjà une restauration du château. En 1882, l'architecte Winkler conçoit les premiers dessins de cet ambitieux projet. Malheureusement, la ville n'est pas en mesure de financer la restauration prévue du château.
Après la guerre franco-allemande, l'Alsace fut annexée par le Reich allemand par le traité de paix de Francfort. Après que l'architecte Winkler eut soumis pour la première fois des projets de restauration en 1882, mais que la ville ne put financer le projet, elle offrit le château et les bois environnants à l'empereur allemand Guillaume II de Hohenzollern le 4 mai 1899. Il était assez courant d'honorer le chef du Reich et en même temps se débarrasser d'un objet embarrassant et coûteux.
L'empereur veut faire de la reconstruction de ce château, à la frontière occidentale de l'empire, un symbole de la grandeur de l'Allemagne. Le château lui-même était censé devenir un musée du Moyen Âge allemand.
La direction des travaux de restauration du château a été confiée en 1900 à l'architecte et archéologue berlinois, Bodo Ebhardt, âgé de 34 ans. Cela a commencé avec l'exhumation des ruines et la sécurisation des parties restantes de la construction. Les travaux de restauration proprement dits s'étendent de 1901 à 1908.
La ruine du château Haut-Koenigsbourg
Maquette de la ruine du château vers 1862, avant sa reconstruction. On peut s'imaginer toute l'ampleur du travail accompli pour arriver au résultat que l'on connaît aujourd'hui.
Le but final d'Ebhardt était de restaurer le château dans l'état dans lequel il se trouvait à la veille de la guerre de Trente Ans, d'après des plans historiques du 15ème siècle. En l'absence de sources sûres, une improvisation fut nécessaire pour une grande partie des bâtiments. Ebhardt s'occupa de détails non alloués dans d'autres châteaux médiévaux en Alsace et mit dans cette construction l'accent sur autant d'éléments les plus curieux qui correspondaient au goût de l'empereur. La restauration s'écarta ainsi un peu de la fidélité historique du château d'antan. Ce "château de livres d'images" est en somme toute assez récent.
Le nouveau château Hohkönigsburg a été inauguré le 13 mai 1908.
À la fin de la Première Guerre mondiale, l'État français le reprit avec les derniers biens impériaux.
Le Haut-Koenigsbourg est classé monument historique et est une destination très fréquentée. Le blason de Guillaume II est visible partout dans le château. Le château est l’un des symboles de la domination allemande en Alsace entre 1871 et 1918, mais il constitue en même temps un exemple de la restauration, tout de même largement crédible, de l’architecte ainsi que de la vision médiévale romantique et rétrospective de Guillaume II.
Le château fut classé monument historique en 1993 et est entièrement rénové les années suivantes. Le bien a été transféré de l'État français au Conseil général du Bas-Rhin en janvier 2007, ce qui en fait le premier des 176 biens du patrimoine national à être transféré de l'État à un organisme décentralisé, conformément à une liste de 2004 (loi 13 août 2004 sur les libertés et les responsabilités des autorités locales).
Le Haut-Koenigsbourg compte près de 500 000 visiteurs par an et est l’un des sites les plus visités en France.
Configuration actuelle du château
Le bâtiment de 270 m de long et près de 40 m de large se compose de plusieurs étages, regroupés autour d’un petit bâtiment principal situé dans la cour, du côté est de la vaste cour inférieure du Burghof (cour de l'auberge). Une tour avec une porte à herse permet l'accès. On y trouve les bâtiments de l’auberge et de la forge (construite en 1905 pour les travaux de construction) ainsi que le puits du château inférieur.
(ci-contre : la maquette du château).
Le château lui-même ne peut être franchi que par le pont-levis qui enjambe le fossé entre la forteresse et le château principal. Dans la cour attenante, se trouve la cuisine du rez-de-chaussée (au nord du Palas), qui est issue encore de bâtiments médiévaux. Le garde-manger situé à l'ouest de la cour occupe toute la largeur de l'affleurement rocheux.
Un escalier en colimaçon mène aux deux étages des logements. Le logis sud, bien exposé, qui comprend une chapelle, était réservé au seigneur et à sa famille. Le logis nord, plus froid, permettait d'accueillir les invités. À l'est, le donjon du haut de ses 65 mètres, se dresse au dessus de la plaine. Symbole du pouvoir du seigneur, c'était également le dernier refuge en cas d'attaque. Ces murs sont épais de deux mètres, douze archères permettaient de harceler les assaillants.
À l'ouest du bâtiment principal, séparé par un autre fossé, se trouve le "jardin" avec une copie d'une fontaine de Sélestat, derrière le grand rempart, qui devait protéger le flanc ouest de la fortification. Depuis la terrasse d'artillerie de l'énorme tour sud, vous avez une magnifique vue panoramique sur les montagnes des Vosges et la plaine d'Alsace.
À l'extérieur du mur sud du château, est aménagé un petit jardin médiéval.
A visiter autour du château Haut-Koenigsbourg
Le voyage au Haut-Koenigsbourg peut être combiné avec deux autres attractions: sur le chemin du château se trouve la Volerie des Aigles dans le château de Kintzheim (démonstrations en vol d'oiseaux de proie, uniquement l'après-midi). Un plaisir pour les enfants reste la visite de la montagne des singes. Plus de 300 singes de Barbarie vivent dans une forêt clôturée, traversée par une sentier de promenade.
Documentation
- Ruines du Nideck
- Fort de Mutzig
- Château de Wangenbourg
- Mont Sainte Odile
- Camp du Struthof
- Le Donon
- Rocher du Dabo
- Rocher du Haut Barr
- Strasbourg
- Plan incliné d'Arzviller
- La Montagne des singes
- La route des vins
- Villages de la route des vins
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- Les cigognes en Alsace
- Europark Rust
- Musée de l'Automobile
- Les chutes du Rhin